Même si on me surnommait à tout bout de champ la folle dingue, ma peau blanche comme de la neige me sauvait. Mon clan était plutôt respectueux envers moi. En réalité, c'était souvent les latinas qui m'insultaient de cette façon et qui me prenaient pour le diable en personne. C'était devenu un moyen de les éloigner, j'avais construit une petite famille autour de moi dont faisait partie Roxanne et Nevada. Deux bouts de femmes aussi fragiles que moi physiquement et que j'avais réussi à motiver pour sortir de ce trou miteux. Enfaite, si je leur avais dit d'où était parti mon idée, elles m'auraient sans doute envoyer bouler, mais j'avais gardé le secret. Un matin alors que je m'étais levée plus tôt que le reste de la population incarcérée, la tête dans le brouillard, j'avais absorbé un dessin animé où trois filles jouaient à James Bond et delà un plan s'était monté dans ma tête. Je leur avait vendu et nous avions rendez vous dans un couloir très peu fréquenté pour sortir de Litchfield. Adossée au mur, les mains dans les poches, j'attendais que mes compatriotes viennent à moi, une avec un tournevis et l'autre pour faire le guet quand j'essaierai de dévisser une plaque menant dans les conduites d'aération de la prison. Cette plaque se trouvait à près de deux mètres, une des deux devraient me faire la courte échelle. Sûrement la plus costaude des deux et la plus dévouée.

J'crois que parfois, j'avais vraiment des problèmes. Le plus gros étant le fait que j'étais enfermée en taule mais là, c'était totalement pas le pire. Comment est ce que j'avais pu accepter ce plan ? Comment est ce que j'avais pu croire une seule seconde que ça allait marcher ? Si on se faisait attraper, mais cinq petites années allait se transformer en une trentaine et là, je survivrai pas à ça. Quoi que j'étais pas non plus celle qu'on emmerdait le plus. Fallait dire que même si j'étais minuscule et que je paraissais énormément fragile, j'avais pas ma langue dans ma poche. Et bon nombre avait pu constater que j'hésitais pas à recourir à la violence si on me prenait trop la tête. Non vraiment, j'étais plutôt tranquille ici même si je n'étais qu'une blanche. Une saloperie de blanche comme les noirs s'amusait à dire. Et après c'était nous les rascistes. Du grand n'importe quoi. Bref. Là, fallait dire merci à Montmorency. Depuis que j'avais compris son petit manège et que je le faisais chanter, j'pouvais avoir ce que je voulais. En l’occurrence, le tournevis que Palmer désirait tant. Et bien caché dans ma veste beaucoup trop grande, je partais en direction du lieu de rendez vous prévu pour cette effet. Blondie n'est toujours pas là ?

J'croyais avoir les épaules suffisamment solides pour affronter cette épreuve mais avec le temps qui s'écoulait je commençais à paniquer. Je tournais comme un poisson dans son aquarium, marmonnant des tas de mots sans lien les uns avec les autres quand la première membre de mon plan d'évasion arriva. Nevada. Je m'attendais plutôt à Roxanne mais non, c'était elle. Toujours avec ses yeux de biches et ses cils recourbés à la perfection. Mordillant mon index, je la regardais un instant, le regard vide. " Non elle est pas là, je croyais être sûre d'elle. Maintenant je m'en méfie, t'as pu avoir le T-O-U-R-N-E-V-I-S" épelais-je en n'arrêtant pas de bouger. Nevada avait dû faire des pieds et des mains pour obtenir cette objet si précieux, désormais, elle était digne de confiance et bel et bien dans mon coeur. Je n'arrêtais pas de répéter dans ma tête " dépêches-toi, dépêches-toi " en visionnant le visage pure de Roxanne.  

Blondie et moi c'était.. Une grande histoire d'amour et de haine réciproque. Y avait les minutes avec et les minutes sans. Chien et chat en fait. Mais on se ressemblait trop pour pouvoir s'entendre à merveille. Et elle avait un de ces caractères.. Très comparable au mien. Alors on s'bouffait l'une l'autre. Parce qu'aucune de nous aimait ne pas avoir le dernier mot. Et autant dire que la plupart du temps, ça faisait des étincelles. J'étais prête à parier qu'un jour je finirais au trou à cause d'elle. Vraiment. Parce que faudrait bien qu'on finisse par se taper dessus. C'était presque inévitable. Et l'pire dans tout ça, c'est que parfois je l'aimais bien. Elle était chouette comme nana. Chouette mais chiante. Dur conflit. Ouais. D'ailleurs il m'dérange. Si on s'fait attraper on est morte. Je suis morte. Peu importe. Autant, on allait réussir à se tirer de cet endroit. Genre des Lara Croft de l'évasion. Une tuerie quoi. Si on sort, j'veux aller au restau. La bouffe est vraiment crade ici. De la gerbe en boîte. Great. Blondie était dans la place. Et j'pouvais pas m'empêcher de ricaner à ses paroles. Allez, faut s'bouger les ovaires.